C’est le moment d’une évaluation de la situation

Pro domo

Il y a six semaines, nous avons parlé ici de la lueur d’espoir à l’horizon. Entre temps, cette lueur s’est nettement intensifiée. Petit à petit, nous retrouvons notre vie quotidienne, la nouvelle normalité. Nous apprenons à vitre avec le virus. Les activités économiques redémarrent partout dans le monde et l’on a toutes raison d’espérer que la situation se stabilisera dans la durée.

En février et en mars, alors que le virus se répandait dans le monde et la pandémie commençait à affecter considérablement les marchés financiers, nous avons été choqués par les images des hôpitaux surchargés en Chine et en Italie, les places et rues abandonnées dans les villes et les mauvaises nouvelles de jour en jour. L’insécurité quant à la durée du confinement était très grande, une grande inquiétude régnait. Heureusement, la plupart d’estimations ne se sont pas finalement avérées justes, et les pires calculs de modèle ne se sont pas réalisés.

Aujourd’hui, nous savons nettement plus au sujet du virus et des effets de la pandémie sur la croissance économique mondiale. Eh bien, puisque de plus en plus de pays passent aux assouplissements, les frontières se rouvrent et la vie sociale et économique se raniment, le moment est venu, à mon avis, d’évaluer la situation.

Pression économique historique

Deux sur cinq de «small businesses» (petites entreprises) aux Etats-Unis luttent pour leur survie. Aux Etats-Unis, le triple de la population totale de la Suisse est devenu sans ressources en deux mois, beaucoup s’attendaient à un chômage de 30% aux Etats-Unis. Seulement en avril, le déficit budgétaire des Etats-Unis était à un niveau record de 740 milliards de dollars.  En Suisse, presque deux millions de salariés étaient provisoirement au chômage partiel. En Europe, l’on s’attend à un recul temporaire du PIB de 15% et au-delà. Les chiffres que nous emmagasinons tous les jours sont historiques. Parfois, ils sont difficiles à cerner, presque grotesques. Les mesures visant à maîtriser la propagation du virus ont durement touché les entreprisses, les sociétés et les économies nationales entières.

Chômage aux Etats-Unis en %

Le recul des cours le plus rapide de l’histoire

Les mouvements sur les marchés historiques étaient eux aussi historiques. Avec une correction de 32% en 22 journées boursières, l’indice S&P 500 a vécu le crash le plus rapide de l’histoire. Nettement moins présente dans les médias, la plus grande et la plus violente correction des 100 dernières années a eu lieu en même temps sur les marchés obligataires. Même les obligations Investment Grade ont perdu jusqu’à 20% de leur valeur sur des marchés souvent non liquides. Cédant à la panique, les investisseurs ont déserté toutes les classes d’actifs. Les ventes à base d’ETF et en partie pilotées par l’ordinateur ont tout entraîné vers le bas, sans tenir compte de la qualité. L’on ne pouvait pas y échapper. La corrélation entre les classes d’actifs s’approchait de 1.

Nous aussi avons été touchés par cette correction. Cela concerne aussi bien les obligations que les actions. Nos obligations d’entreprises ont été en partie véritablement fracassées quant au prix. Au cours de la liquidation de «Financials», les actions d’assurance ont perdu jusqu’à 50% (p. ex., Swiss Life). Nos «favoris», tels que Partners Group, HBM, Orpea et Sika, ont été épuisés, l’Inde, notre marché émergeant préféré, a été liquidée. Les actions pharmaceutiques se sont mieux portées, mais nous en détenions plutôt en dessous de la moyenne. L’on ne veut pas détenir beaucoup d’actions pharmaceutiques l’année des élections présidentielles américaines. Souvent, les prix des médicaments sont débattus lors de la campagne électorale, ce qui a entraîné, par exemple, un recul des cours de Novartis et de Roche de jusqu’à 20% en 2016.

Nous étions bien préparés pour l’année 2020. Mais pas pour le corona.

Certes, il y a eu des jours où quelques-uns dans notre bureau étaient un peu nerveux. C’est justement lorsqu’on n’a pas encore vécu plusieurs cycles conjoncturels du secteur financier qu’une telle situation peut être difficile. Nous étions tous déprimés. Lorsqu’on essuie de tels revers avec des axes d’investissement économiquement corrects, cela assombrit l’ambiance. Surtout parce que nous détenons tous ces titres nous-mêmes aussi. Dans notre fortune privée, dans notre 3a, dans notre LPP. Nous ne nous sommes départis de notre confiance en nous-mêmes et de notre conviction à aucun moment. L’histoire nous montre que chaque crise a sa fin. Et nous savons également que nous avons de la qualité dans les dépôts. Et que la reprise suivra. La question n’a jamais été «si», mais toujours «quand».

La reprise est arrivée

La reprise est arrivée maintenant. Précisément ces derniers jours ont été excellents pour nous et nos grands axes. Les obligations se redressent vigoureusement. Les actions d’assurance ont pris 30% et plus en quelques journées de négociation. Nous rattrapons petit à petit le retard que nous avons pris entre temps. Il a été payant une fois de plus de tenir bon, de ne pas tomber dans l’activisme et de paniquer. Nous constatons que nous suivons la bonne direction avec nos grands axes aujourd’hui et surtout dans l’avenir.

Les obligations d’entreprises contre les emprunts d’Etat

Nous ne détenons pas d’obligations avec des intérêts négatifs qui n’apporteront pas de rendement pendant des années. Nous ne détenons pas d’actions dont nous ne sommes certains si elles peuvent résister à une telle crise. Nous ne détenons pas de fonds surévalués, mais des titres d’infrastructure porteur d’avenir.

Le «défi» de notre stratégie et de notre sélection est de corréler entre eux les grands axes. Si l’environnement économique s’assombrit considérablement, la valeur des actions se déprécie. Et parce qu’une récession fait monter ce qu’on appelle les «primes de risque de crédit», la valeur des obligations d’entreprises se déprécient également. De même, la valeur des titres d’infrastructure et de Private Equity se déprécie temporairement dans un tel environnement. Une certaine dynamique baissière en résulte dans l’ensemble. Une dynamique baissière plus grande que celle d’un portefeuille composé d’obligations d’Etat et d’actions. Les obligations d’Etat ne rapportent assurément rien pendant de nombreuses années. Or, elles sont dans une certaine mesure stables en période de crise, en règle générale, au moins plus stables que les obligations d’entreprises. Pour cette raison, dans cette crise, comme déjà dans le passé, un portefeuille avec des obligations d’Etat et des actions s’est mieux porté que notre portefeuille avec des obligations d’entreprises et actions.

Or, supporter et surmonter cela est le prix du fait que, à long terme, l’on est nettement mieux indemnisé avec des obligations d’entreprises et des actions qu’avec une combinaison d’obligations d’Etat non rentables et d’actions. Nos obligations d’entreprises rapportent en ce moment entre 3% (Investment Grade) et 7% (High Yield) (rendements à l’échéance). Mais, parfois, il faut des nerfs. Une bonne communication et de la patience sont demandées en ce moment.

Obligations «sûres» (ici, sur l’exemple du SBI total AAA-BBB TR): dans l’ensemble stables, mais pas toujours. Et surtout: sans rendement depuis des années. (Source: ZFAG)

 

Obligations d’entreprises: plus fragiles pendant la crise, mais nettement plus attrayantes que les obligations d’Etat à long terme. (Source: ZFAG)

La patience est récompensée

Nous avons vu une fois de plus à quel point il est important de surmonter une crise pour pouvoir se réjouir de la reprise. Ce ne sont pas des paroles d’encouragement lorsque nous disons qu’il faudrait rester calme et être patient. C’est tout simplement vrai. Les phases de turbulences sont douloureuses, mais c’est justement dans ces périodes-là que la valeur ajoutée d’une équipe d’investissement qualifiée et expérimentée, des processus de placement solides et de la gestion de fortune professionnelle est démontrée.

Les marchés regardent (loin) devant. Les marchés boursiers plus loin que les marchés obligataires. Il y a des raisons pour être confiant et optimiste. Jamais auparavant la politique mondiale et les banques centrales n’ont parlé de meures tellement radicales en vue de soutenir l’économie. L’on est prêt de faire tout ce qui est nécessaire pour remettre sur pied l’économie réelle. Bien qu’il ne soit pas complètement exclu que des ventes massives sur les marchés se reproduisent, cela reste improbable. Il faut compter sur le soutien du côté politique.

C’est certain qu’il y aura de grandes différences entre différents régions, secteurs et entreprises. Il y a des profiteurs de la crise. Il y a des entreprises et des secteurs qui sortent rapidement de la crise, ceux qui auront à lutter pendant encore longtemps et ceux qui n’y arriveront pas. Dans ce contexte, une approche de placement active et une sélection active et ciblée sont déterminantes. Il s’agit d’investir les actifs dans des entreprises choisies dont on est largement convaincu. Et cela dans toutes les classes d’actifs: obligations, infrastructure, actions et placements sur les marchés privés.

Perspectives

Notre stratégie phare R2 («équilibrée») rapporte 4,7% de rendements sur les 12 mois prochains. Ces rendements se composent de dividendes (actions et infrastructure) ainsi que des rendements à échéance annualisés des titres rémunérés. S’opposer à la sphère politique, aux banques centrales et à ces rendements pourrait coûter cher. Le potentiel à moyen terme est considérable même après la reprise récente, et ce non seulement pour les actions, mais aussi notamment pour les obligations.

En général, la reprise sur les marchés obligataires est plus lente que celle sur les marchés boursiers. Elle est généralement massive. Ce n’est pas pour rien que les obligations d’entreprises font partie des classes d’actifs les plus attrayants à travers plusieurs cycles conjoncturels. (Source: ZFAG)

Il est temps de regarder l’avenir avec une confiance retrouvée.

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